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Le gallicanaute des naines brunes et noires

Le gallicanaute des naines brunes et noires

(Cabinet de curiosités littéraires)


Nouvelles choisies de Masuccio de Salerne (1870) - Traduites par Alcide Bonneau.

Publié par Jérôme Nodenot sur 1 Juin 2020, 10:35am

Catégories : #Naines brunes

Je n'ai pas pour habitude de forcément inciter ici à la lecture des ouvrages dont je parle ; ma démarche consisterait plutôt à encourager les amateurs de lecture à découvrir leurs propres livres dans Gallica et d'en parler de leur côté, à leur manière. Il m'arrive pourtant parfois de faire une entorse à cette règle, et ce sera le cas maintenant, avec un grand enthousiasme : il faut lire ces "Nouvelles choisies".

Cette notice me permettra une double "réhabilitation" : celle de Masuccio de Salerne, auteur italien (Sicile) du XVème siècle, et celle d'Alcide Bonneau, érudit du XIXème. Le premier n'est plus du tout édité en français depuis longtemps, et pourtant, malgré l'influence certaine de Boccace, c'était un très grand conteur, satirique, mais surtout érotique ; le second, Alcide Bonneau, fut le traducteur, commentateur et éditeur de nombreux ouvrages érotiques ou curieux : https://fr.wikipedia.org/wiki/Alcide_Bonneau. La rencontre de ses deux personnages, distants l'un de l'autre de plus de quatre siècles, est à l'origine d'un petit miracle littéraire selon moi, qu'aujourd'hui, après avoir fait un autre bond de cent cinquante ans, nous avons la possibilité de lire facilement grâce à Gallica ; des contes, redoutablement efficaces, et excellemment traduits (semble-t-il) par Bonneau. 

Dans sa dédicace (à une duchesse), l'auteur Masuccio prend ses "précautions" en précisant que tout le mal qu'il dit des religieux dans son ouvrage n'a rien de personnel :

Nouvelles choisies de Masuccio de Salerne (1870) - Traduites par Alcide Bonneau.

Chaque conte est précédé d'un résumé qui nous indique dans les grandes lignes de quoi il va s'agir (page 11) :

Nouvelles choisies de Masuccio de Salerne (1870) - Traduites par Alcide Bonneau.

Un faux religieux charlatan qui s'enrichit en faisant croire au peuple qu'il possède l'os du bras de Saint-Luc avec lequel il met en scène de faux miracles ; un mari qui promène sa femme habillée en homme pour qu'elle n'attire pas les regards, mais un bel étudiant finira par la lui ravir ; une femme mariée qui se trouve un amant et se venge de lui parce qu'il a raconté ses exploits à un ami alors qu'il était soumis à la loi du silence ; deux amis qui couchent par accident chacun avec la femme de l'autre décident finalement de se les partager, avec l'accord des épouses. Voici quelques exemples de sujets traités avec truculence par Masuccio.  

 

Dans cet extrait (page 42, il s'agit d'un moine qui abuse d'une jolie fille après lui avoir fait croire pendant plusieurs jours et avec habileté qu'elle allait engendrer un Evangéliste), on voit bien à quoi s'en tenir avec Masuccio :

Nouvelles choisies de Masuccio de Salerne (1870) - Traduites par Alcide Bonneau.

Ici, un podestat, qui comme tous les podestats prend des mesures toujours très dures pour la population qui étouffe sous les taxes et peut se faire emprisonner pour un oui ou un non, a une particularité physique : un membre viril ridicule. Il décide pourtant de prendre femme et épouse une jolie fille, qui se souviendra longtemps de sa première fois avec lui (avant de trouver plus tard un véritable amant qui humiliera le podestat), pages 87-88 : 

Nouvelles choisies de Masuccio de Salerne (1870) - Traduites par Alcide Bonneau.
Nouvelles choisies de Masuccio de Salerne (1870) - Traduites par Alcide Bonneau.

Dans ce dernier extrait enfin, une femme obsédée par le sexe est déjà comblée par son mari mais se choisit toutefois un autre amant, en l'occurrence un nain particulièrement bien bâti (page 125) :  

Nouvelles choisies de Masuccio de Salerne (1870) - Traduites par Alcide Bonneau.

 Enfin voilà, Masuccio n'est pas, comme le fait remarquer le traducteur Bonneau dans sa préface, l'égal de Boccace pour ce qui est du style, mais on remarque chez lui une véritable originalité dans le choix des sujets, toujours agréables à découvrir. Pour la petite histoire, l'un de ses contes (non présent dans ce recueil) a inspiré Shakespeare pour son Roméo et Juliette (excusez du peu).

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