Caprices d'un bibliophile (1878) - Octave Uzanne.

Octave Uzanne fait sans doute partie, aux côtés de Charles Nodier et de Paul Lacroix, des trois plus grands chantres de la bibliophilie au XIXe siècle. Il suffit de mesurer leur présence respective dans le livre de référence sur le sujet, "L'amour des livres la plume à la main : écrivains bibliophiles du XIXe siècle"* de Marine Le Bail, pour s'en assurer.

Né à Auxerre en 1851, Octave Uzanne vient à Paris pour des études de droit mais il y fait une rencontre qui va orienter toute sa vie, celle de Paul Lacroix à la Bibliothèque de l'Arsenal, qui lui donne le goût de la bibliophilie. Il sera homme de lettres, journaliste, éditeur, la plupart du temps toujours en relation avec cette passion. Il fondera beaucoup de revues de bibliophilie, réhabilitera des auteurs oubliés comme Sade mais aussi des "Petits poètes du XVIIIe siècle", il écrira également des textes personnels comme par exemple le livre dont nous allons parler ici, le plus souvent en petit nombre d'exemplaires et toujours très "artistes" dans leur réalisation. Son autre facette, c'est la mode féminine, les Parisiennes, qu'il décrira dans de nombreux ouvrages. Célibataire par conviction il aura beaucoup d'aventures mais ne se mariera jamais et n'aura pas d'enfants.

Aujourd'hui Octave Uzanne reste bien connu des bibliophiles ; pour un public plus large un de ses textes, "La fin des livres" dans l'ouvrage "Contes pour bibliophiles" (illustré par Robida) est plus ou moins passé à la postérité. 

Dans "Caprices d'un bibliophile", il se laisse aller à des fantaisies qui ont pour point commun bien sûr la bibliophilie, même si derrière l'étude sociologique n'est pas absente. Dans la préface il décrit son processus créatif en le comparant à une méthode plus sérieuse :  

Il dresse quelques portraits de bibliophiles, comme dans "La gent bouquinière", "Le quémandeur de livres", "Les catalogueurs" ; il raconte un mois d'août particulièrement chaud dans "Les quais en août". Mais ce que j'ai préféré, c'est quand il fait vraiment dans la fantaisie, comme dans les quatre textes que j'ai choisis et dont je donnerai à chaque fois ici les incipits.

Dans "Une vente de livres à l'hôtel Drouot", il raconte un épouvantable cauchemar : il assiste impuissant à la vente de sa bibliothèque (pages 1-2) :  

Dans "Les galanteries du sieur Scarron", le narrateur s'adresse à celle avec qui il a connu une idylle née d'un amour commun pour les belles reliures (pages 25-26) : 

Dans "Un ex-libris mal placé", il raconte l'histoire d'un bibliophile qui, tellement absorbé par sa passion, en néglige sa femme. Dépitée elle finit par prendre un amant et tombe enceinte. Le bibliophile, pas rancunier, reconnaîtra l'enfant. D'où le titre... (page 55) :  

Dans "Le bibliophile aux champs", il s'agit d'un collectionneur qui a bien du mal à choisir les livres qu'il va emporter avec lui en vacances (pages 91-92) :

Cet ouvrage est aussi celui d'un dilettante, qui n'hésite pas à la fin, avant de lister les coquilles qu'il contient, d'offrir à ses lecteurs un rondeau pour s'en excuser : 

Caprices d'un bibliophile, par Octave Uzanne

Caprices d'un bibliophile, par Octave Uzanne -- 1878 -- livre

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5789232b/f16.item

* Le livre de Marine Le Bail est publié aux Presses Universitaires de Rennes :

Le Bail Marine - L'amour des livres la plume à la main

En dépit d'une longue tradition de condamnation moraliste voyant dans le bibliophile le représentant d'un rapport dévoyé à l'écrit, le XIXe siècle consacre la fortune littéraire de la bibli...

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