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Le gallicanaute des naines brunes et noires

Le gallicanaute des naines brunes et noires

(Cabinet de curiosités littéraires)


Le mangeur de poudre (1866) - Jules-Berlioz d'Auriac.

Publié par Jérôme Nodenot sur 12 Décembre 2018, 10:57am

Catégories : #Insolites

Le saviez-vous ? Le grand musicien Hector Berlioz avait un cousin qui écrivait. Jules-Berlioz d'Auriac, en effet, était le fils du frère du père d'Hector ; il avait ajouté à son nom de plume celui de sa mère, d'Auriac : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_Berlioz_d%27Auriac. Dois-je l'avouer ? Je me suis autorisé cette fantaisie : lire ce livre, "Le mangeur de poudre", tout en écoutant du Berlioz ; une histoire de famille, en quelque sorte, même si je dois dire que le mélange était assez, sinon détonnant, du moins cacophonique. Mais quoi d'autre, je pose la question, peut procurer ce genre de plaisir, que Gallica ?

Jules, né à Grenoble, fut d'abord commissaire de Police à Paris avant de se lancer dans l'écriture. C'était un passionné de "dime novels", dont il s'inspirait beaucoup pour ses propres livres, qui n'en seraient peut-être, parait-il, que de simples adaptations. Les "dime novels", c'est cette littérature ultra-populaire en Amérique à la fin du XIXème siècle, des histoires d'amour où autres sur fond de cow-boys et d'indiens, des romans pas chers : https://fr.wikipedia.org/wiki/Dime_novel. Voilà un autre intérêt immédiat de Gallica : avoir la possibilité de lire, souvent dans des éditions originales, des genres littéraires qui n'existent plus aujourd'hui ; (re)découvrir des plaisirs de lecture différents : ceux qu'avaient connus nos ancêtres. J'ai eu déjà l'occasion, par exemple, de lire des livres libertins qui circulaient sous le manteau au XVIIIème siècle, et dont certains ont quand même fini par arriver dans des bibliothèques ; un genre de livres qui se lisaient dans les tranchées lors de la première guerre mondiale ; ou encore, des magazines jeunesse du début XXème.

Jules-Berlioz d'Auriac ne rencontrait pas un grand succès avec ses livres, au point qu'un jour il s'est associé (disons plutôt qu'il a republié certains de ses livres en faisant comme s'il les avait co-écrit) avec Gustave Aimard, écrivain-aventurier complètement oublié de nos jours mais qui était aussi célèbre en son temps que Eugène Sue ou Paul Féval, et dont la biographie est un chef-d'oeuvre à elle seule : https://fr.wikipedia.org/wiki/Gustave_Aimard. Beaucoup de leurs ouvrages sont dans Gallica, certains même au format epub : https://gallica.bnf.fr/services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&startRecord=0&maximumRecords=15&page=1&query=%28%28dc.creator%20all%20%22Auriac%2C%20Jules-Berlioz%20d%27%22%20or%20dc.contributor%20all%20%22Auriac%2C%20Jules-Berlioz%20d%27%22%29%29.

"Le mangeur de poudre" se déroule dans un petit village sur les bords de l'Ohio ; petit village typique de l'époque des pionniers, avec son nombre d'habitants peu important, ses personnages officiels comme le maître d'école, l'attorney, etc., mais également son lot d'aventuriers comme Overton le chasseur brutal (c'est lui, le "mangeur de poudre"), ou Dudley, de passage dans la région, qui doit normalement se rendre à la Nouvelle-Orléans mais dont le séjour au village s'éternise, ce qui fait se poser beaucoup de questions au "club des curieux". Il y a là aussi la belle et douce miss Lucy, qui vit avec son oncle Sedley depuis la mort de ses parents, et Caton, un petit esclave qui jouera dans cette histoire un rôle important. Lucy sera à l'origine du drame qui va survenir au village : elle doit épouser Dudley (voilà pourquoi ce dernier reste au village !), mais quand il l'apprend Overton qui lui aussi veut Lucy finit par enlever sa dulcinée avec la brutalité qui le caractérise. Très vite, en voyant des traces de lutte devant la maison, l'oncle Sedley comprend ce qui s'est passé et part immédiatement avec son cheval à la poursuite du criminel, suivi quelques minutes plus tard par Dudley prévenu par Caton. Après quelques péripéties Overton mourra par accident en se battant avec le vieux Sedley, et Dudley retrouvera Lucy. Mais c'est finalement Dudley qui se fera arrêter, emprisonner, juger et condamner à mort pour ce "meurtre". Sedley, plutôt que de se dénoncer, fera évader Dudley, avant de trouver la mort lui-même au court de l'évasion. Dudley et Lucy s'enfuiront ensemble, se marieront et seront heureux à la Nouvelle-Orléans avec Caton ; Dudley deviendra un grand homme de Loi et tous les trois retourneront au village pour rétablir officiellement la vérité sur le "meurtre" d'Overton. 

Un livre qui sent bon l'odeur du Far-West, malgré un style que j'ai trouvé parfois un peu inapproprié, notamment sur quelques dialogues qui font s'exprimer ces pionniers comme des bourgeois parisiens. 

En voici quelques extraits, en commençant par celui-ci, qui présente le village lieu de l'action :

Pages 6-7
Pages 6-7

Pages 6-7

Passage d'une scène de bagarre que j'ai trouvée assez drôle, peut-être parce que j'écoutais à ce moment-là en même temps la symphonie fantastique du Berlioz cousin de l'auteur :

Page 30

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Description sympa d'un personnage typique :

Page 58

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Un joli passage :

Pages 125-126
Pages 125-126
Pages 125-126

Pages 125-126

Un autre personnage typique :

Page 152

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Et pour finir, une des dernière scènes, lorsque meurt l'oncle Sedley (l'Overton dont il est question ici est le frère de "Chasseur de poudre") :

Pages 212-213
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