Fanfan la Tulipe (1896) - Texte par P. Bilhaud et illustrations par Job.

Fanfan la Tulipe est un personnage qui n'est pas né en 1952 avec le film de Christian-Jaque et Gérard Philipe en tête d'affiche. Il existait déjà à travers des chansons dès le XVIIe siècle avant de devenir très populaire en 1819 avec une autre chanson, d'Émile Debraux cette fois. Chanson qui est passée à la postérité et qui a définitivement ancré notre héros dans l'inconscient collectif des Français comme représentant du soldat courageux, intrépide, ayant bon coeur et séducteur de ces dames. Avant les films de 1952 et de 2003, nous le retrouvons entre autre dans des opéras comiques ou encore dans un roman feuilleton, tiens, tiens... en 1896, comme le "Fanfan la Tulipe" pour la "jeunesse" qui va nous occuper ici ; à croire que Bilhaud et Job ont voulu surfer sur la vague "Fanfan la Tulipe" de cette époque.

Paul Bilhaud était une auteur dramatique connu à l'époque, il était notamment un ami proche de Sarah Bernhardt ou encore d'Alphonse Allais. Job était un illustrateur célèbre aussi, en particulier auprès des enfants pour avoir dessiné à merveille des uniformes militaires et mis en valeur les grands hommes de guerre. Ce qui nous amène ici à une réflexion assez intéressante : Job était connu pour son patriotisme exacerbé et son culte de la chose militaire, et il est donc fort à parier que le "Fanfan la Tulipe" pour les enfants que nous lisons ici a pour vocation encore une fois d'inculquer l'amour de la guerre à nos petits chérubins. Et pourtant... si nous assistons en effet à l'ascension fulgurante de Fanfan, le lecteur d'aujourd'hui (moi en tout cas) ne termine pas la lecture de ce livre en ayant envie de devenir soldat ! 

Mais voyons cela ensemble :  

Dans ce conte Fanfan doit son nom à un événement originel fort poétique : ses parents adoptifs l'ont trouvé un jour bébé dans leur jardin, au milieu des tulipes (page 2r) :  

Mais jardiner, cela n'intéresse pas Fanfan la Tulipe, devenu grand lui il veut faire la guerre et se battre contre l'ennemi. Du coup il se fait recruter par l'armée (page 4r) :

Très vite il se distingue par sa capacité à aider son prochain et à lui prêter de l'attention, comme l'on peut voir ici avec ce mendiant sans jambes qui lui explique dessin à l'appui (c'est gore) son accident (vous verrez mieux sur Gallica page 6r) :  

Mais surtout, bien sûr, Fanfan se distingue pendant les batailles, toujours en première ligne, d'un courage et d'une habileté remarquables (page 13r). Plusieurs anecdotes sont racontées, n'hésitez pas à aller les découvrir en lisant le conte. 

Une habileté et un courage remarquables donc... mais aussi remarqués, puisque son armée aura l'honneur d'être passée en revue par Louis XV qui remerciera Fanfan (pourtant simple soldat) en personne (page 14r) :

Fanfan la Tulipe aura une carrière dans l'armée exemplaire et il passera de simple trouffion... à maréchal ! Mais à quel prix ? Page 14v :

Loin des "Fanfan" romanesques et romantiques des films de 1952 ou de 2003, Fanfan la Tulipe, ici, n'aura plus que sa bouche pour raconter ses exploits à des enfants perclus d'admiration (page 16r) :

Il semblerait que l'objectif était en effet de donner envie aux enfants de s'engager. Un texte qui montre sans doute encore une fois que la perception des choses était sans doute différente à l'époque qu'aujourd'hui, et que la réception d'une oeuvre varie selon l'époque où elle est lue.

Fanfan la Tulipe / texte par P. Bilhaud,... ; illustrations par Job

Fanfan la Tulipe / texte par P. Bilhaud,... ; illustrations par Job -- 1896 -- livre

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k323482n/f1.item