La Petite exilée (1917) - Henri Pellier.

Cet ouvrage est ce que l'on appelle généralement un texte de circonstance ; cette littérature que je qualifie moi-même "de terrain", et qui, bien que de moindre qualité artistique que les chefs-d'oeuvre, nous permet pourtant souvent de nous plonger de manière plus spectaculaire dans une époque donnée que le meilleur de tous les classiques. "La petite exilée" a été publiée (et écrite !) en 1917, en pleine Grande Guerre donc, et pour un public particulier : les enfants. En lisant ce texte, nous nous immergeons par conséquent jusqu'au cou dans un conflit "à chaud", sans que l'auteur en connaisse encore l'issue, et dont l'objectif était de parler de cette guerre aux petits, en stimulant leur imagination à travers des mises en scène d'enfants-héros, sans oublier bien évidemment l'esprit de propagande anti-Allemands qui dominait dans tous les médias pendant cette période. L'éditeur en était Larousse, avec sa collection des "Livres roses pour la jeunesse" (à ne pas confondre avec la fameuse toujours existante "Bibliothèque rose" de Hachette), qui avait créé pour l'occasion, en plus des publications habituelles de contes, une sorte de sous-catégorie au titre pas forcément très heureux : "Les livres roses de la guerre". Cette "Petite exilée" a donc aussi pour nous, outre la téléportation temporelle, un intérêt historique, ce qui est très souvent le cas avec la littérature "de terrain" ; pour en savoir davantage sur cette collection et sur la littérature jeunesse pendant la Grande Guerre, on peut regarder par exemple cette vidéo : http://www.enfance-violence-exil.net/index.php/ecms/it/33/1638. 

Je pense que l'histoire dont il est question ici, imaginaire bien sûr, prend place toutefois dans un moment historique précis (je cite Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Premi%C3%A8re_Guerre_mondiale#Guerre_de_position_(1915-1917)) : "En mars 1917, l’état-major impérial allemand prend la décision stratégique de reculer le front plus au nord, sur la « ligne Hindenburg », et fait évacuer toutes ses armées des positions occupées depuis 1914 dans le secteur de l’Aisne. Les Allemands dynamitent systématiquement les édifices emblématiques des villes et villages auparavant occupés. Ainsi disparaissent notamment les forteresses de Ham (Somme), située non loin de là, et de Coucy (27 mars 1917). Ce recul permet de raccourcir le front et d’économiser les forces nécessaires à sa défense".

L'histoire se déroule dans un petit village de campagne, et plus particulièrement dans la ferme de la mère Morin, dans les circonstances suivantes :          

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Déjà le petit Julien se montre en exemple pour les enfants qui liront ce récit ; et puis il y a aussi Marthe, une orpheline que la mère Morin a recueillie (elle vivait donc en tout avant la guerre avec son fils Louis parti au front, Julien son neveu infirme et Marthe), qui a 15 ans et qui aide bien sa maman adoptive. L'histoire commence alors que les Prussiens sont sur le point de quitter le village, ce qui met tout le monde en joie évidemment... sauf qu'au passage ils font une dernière visite à la ferme de la mère Morin afin de voir ce qu'il peut y rester de bon à prendre, et, hormis quelques ustensiles de cuisine ils décident d'embarquer aussi Marthe, qui pourrait s'avérer utile sur le front comme cuisinière, femme de ménage, etc. 

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Après avoir passé par toute une panoplie d'émotions allant de la colère au désappointement, la peur et enfin la tristesse, la mère Morin, rassurée par la courageuse Marthe elle-même, laisse partir sa petite protégée, non sans lui avoir remis en cachette deux pièces d'or... ce qui donne immédiatement une idée à Marthe, dont on ne sait rien sur le moment. Julien a l'autorisation par les Allemands, comme cela s'est fait aussi pour les autres familles de prisonniers, d'accompagner pendant quelques minutes Marthe dans la troupe qui l'amènera on ne sait où, et tandis qu'ils marchent elle lui fera une demande assez mystérieuse :  

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Julien ensuite rentre à la ferme, le coeur lourd. Marthe poursuit son chemin avec les autres exilés, et assez rapidement la troupe s'arrête pour faire une pause. La jeune orpheline repère parmi les officiers allemands un petit homme rond qui semble convenir pour le plan qu'elle souhaite mettre au point. En voici la description physique, on notera au passage qu'il fait plus penser à un ogre débonnaire qu'à un véritable officier prussien :

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Lorsque ce terrible officier passe devant elle, Marthe fait intentionnellement tomber ses deux pièces d'or, ce qui attire l'attention du bonhomme et surtout sa cupidité. Marthe explique à l'officier que sa famille possède un coffre entier de cet or ; après quelques feintes hésitations elle se dit prête à montrer l'endroit où il se trouve, en échange de traitements de faveurs et autres privilèges. L'officier organise la petite expédition avec deux trois hommes de plus, et le petit groupe se détache du cortège. Marthe les amène dans la galerie souterraine où elle a l'habitude de jouer avec Julien ; là où se dernier est censé l'attendre déjà. Puis, à l'intérieur de la galerie, à l'endroit que Marthe leur indique, les Allemands commencent à creuser :

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Avec l'aide de Julien elle parviendra à enfermer les Allemands dans la galerie souterraine. Je ne révélerai pas ici les détails, le récit est court et se lit facilement ; mais l'on voit à la fin cette image assez choquante pour nous aujourd'hui de ces enfants portant des armes et présentés comme des héros de guerre :  

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Mais n'était-ce pas là peut-être à l'époque le meilleur moyen pour les enfants de pouvoir supporter ces événements ? En s'imaginant en héros comme ils devaient imaginer leur père ou autres membres de leur famille partis au front ?