Voyage au pays des défauts (1887) - Marthe Bertin.

Si vous visitez ce pays et que vous vous y sentez comme un étranger, cela signifie que vous êtes parfait. Mais comme la perfection n'existe pas, dans ce pays des étrangers il n'y en a pas. Pour ma part, je m'y suis senti comme un poisson dans l'eau, même si la lecture de ce livre m'a permis de comprendre que je ne suis pas non plus affublé de toutes les tares. 

Ce livre appartient au domaine de la littérature "jeunesse", et j'ai eu peur en en commençant la lecture de me trouver devant un ouvrage ultra moralisateur, trop long malgré ses cent vingt pages, et inadapté à notre époque. Toutefois lorsque j'ai vu qu'il avait été édité par Hetzel je me suis dit "why not", et... je n'ai pas été déçu du tout. L'autrice, Marthe Bertin, a produit plus de cent ouvrages jeunesse ; nous n'avons que très peu d'informations à son sujet, en parcourant la notice la concernant sur le catalogue général de la BnF je pourrais dire qu'elle était peut-être institutrice, en tout cas une spécialiste de l'enfance (à découvrir éventuellement, si par exemple vous êtes jeune parent : "Le bébé, notions élémentaires de puériculture" ; c'est sur Gallica et c'est cadeau, téléchargeable immédiatement et gratuitement ici : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6467377k), mais c'est à peu près tout.

Le pays des défauts dont il est question ici n'est pas vraiment un pays (au sens territorial du terme), il s'agit plutôt d'un jeu. Mais laissez-moi vous raconter...

Tout se déroule dans une grande maison, occupée par une famille nombreuse : Tante Laure, qui habite l'entresol, est célibataire, accompagnée de sa servante Marianne ; M. Duverger, son frère et propriétaire de la maison, vit au premier étage avec ses trois enfants (Suzanne, Claire et André), et Mme Besnier, la soeur de Duverger et Tante Laure, occupe le second étage avec elle aussi trois enfants (Pierre, Marc et Madeleine). Tout ce petit monde vit joyeusement et en harmonie.

Un jour de pluie continuelle, les enfants s'ennuient et Tante Laure, la bonne amie de tout le monde, après les avoir réunis chez elle leur propose une sorte de jeu sur le long terme (le but est d'y jouer justement les jours de pluie). Elle propose aux enfants de voter, puis leur explique l'idée (page 10) :     

Voici en quelques mots le principe (page 12) :

Donc voilà, au cours de la semaine, les enfants bien sûr sont punis, ils inscrivent leurs punitions sur un livre et chaque jeudi où il pleut avec Tante Laure ils parlent des défauts des uns et des autres. Mais les discussions sont toujours assez ouvertes, ce n'est pas lourd, et souvent plutôt amusant. Un exemple ici (page 30) :

De cette manière de nombreux défauts seront traités : le mauvais caractère, la mauvaise humeur, la colère, la désorganisation, la vanité, la curiosité, le fait d'être trop dépensier ; un qui me concerne assez particulièrement, hélas : la musarderie (j'ai même appris le mot au passage), page 44 :

La fin elle aussi est plutôt sympa ; Tante Laure, après avoir essayé de leur enseigner des méthodes, conseille aux enfants d'écouter simplement leur conscience (page 116) : 

La vie est ainsi faite : le temps passe, le monde évolue, les êtres humains changent, mais les défauts restent. Voilà pourquoi ce petit livre, malgré son contexte suranné, sera toujours d'actualité. 

Voyage au pays des défauts / par M. Bertin,...

Voyage au pays des défauts / par M. Bertin,... -- 1887 -- livre

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6540655j.texteImage