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Le gallicanaute des naines brunes et noires

Le gallicanaute des naines brunes et noires

(Cabinet de curiosités littéraires)


Souvenirs d'une clef : légende historique (1885) - Edouard de Lalaing.

Publié par Jérôme Nodenot sur 20 Avril 2020, 11:20am

Catégories : #Insolites

Après avoir lu sur Gallica notamment les mémoires d'un caniche ou même d'un microbe, j'y ai découvert récemment cet ouvrage : "Souvenirs d'une clef" ; et après tout, au point où on en est, pourquoi pas ?

Edouard de Lalaing, le rédacteur de ces mémoires, n'est pas sur Wikipedia, et le catalogue général de la BnF ne nous apprend rien sur lui non plus, jusqu'à même ses années de naissance et de mort dont on nous dit 18.. pour l'une et 19.. pour l'autre. Il a écrit trente-sept livres, il est qualifié de romancier, ce qui me convient assez : même si en apparence Lalaing semble avoir produit plutôt des ouvrages historiques sur la peinture, la politique, ou encore des récits de voyage, à mon avis sa vision des événements me paraît toujours un peu arrangée à sa sauce (attention, je le dis avec des pincettes, je ne me base que sur "Souvenirs d'une clef" et je ne suis pas moi-même du tout historien ; en outre, je ne dis jamais vraiment du mal des auteurs dont je parle). 

Il s'agit donc bien ici du récit des souvenirs d'une clef, mais pas n'importe laquelle, une clef qui a été forgée, excusez du peu, par Louis XVI en personne. On sait que ce dernier était un grand amateur de mécanique de précision, serrures, clefs, horloges, etc. Nicolas Gamain, maître serrurier dont le fils François jouera un rôle dans le procès qui mènera Louis XVI à l'échafaud (cf ici pour en savoir davantage : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Gamain), lui servira de prof et lui enseignera tout sur cet art méticuleux et qui requiert beaucoup de patience. Mais ce n'est pas Louis XVI le héros de ce livre : la clef, après avoir été offerte dans un premier temps par ce dernier à sa tante Madame Adélaïde (fille aînée de Louis XV), finira par appartenir à Marie-Antoinette, qui sera en définitive sa véritable "maîtresse"... et le véritable sujet de l'ouvrage, pour ne pas dire un véritable objet d'affection pour Edouard de Lalaing.

De manière originale, "Souvenirs d'une clef" me semble être une apologie de la reine, à travers de petites anecdotes plus ou moins importantes, toujours racontées par la clef ce qui permet de donner une dimension sentimentale au récit (oui oui, le lecteur en arrive parfois à ressentir de l'affection non seulement pour Marie-Antoinette mais même pour la clef !). Depuis son arrivée en France jusqu'à sa mort, nous suivons la vie de la reine ; la clef est très présente dans son quotidien, ou bien parfois elle n'est pas avec la reine mais elle peut raconter une anecdote parce qu'elle entend causer d'autres personnes, enfin souvent aussi elle se retrouve seule et ne raconte rien de ce qui se passe dans la vie de la reine quelquefois pendant plusieurs années (subterfuge qui permet finalement à l'auteur de ne raconter que ce qu'il veut). 

Je ne suis pas capable, et je n'ai nullement envie, de vérifier toutes les anecdotes que raconte ici Edouard de Lalaing à travers la clef ; si en comparant avec une biographie de Marie-Antoinette j'ai constaté des points de convergence dans les grandes lignes, il est très difficile en revanche de vérifier dans le détail sans être un spécialiste de cette période. Je me contenterai donc moi-même de considérer cet ouvrage comme une fiction historique permettant à un homme, Edouard de Lalaing, d'exprimer son affection envers une reine disparue depuis environ cent ans, comme s'il voulait la réhabiliter ou exprimer son sentiment d'injustice par rapport au sort qui fut le sien. Nous pourrons d'ailleurs rappeler au passage à quel point, de nos jours encore, Marie-Antoinette peut inspirer (et de plus en plus peut-être) ce genre d'affection à beaucoup d'historiens. 

La clef parle évidemment à la première personne, et j'oserai dire qu'elle a sa propre voix, sa petite musique bien à elle... et n'est pas toujours des plus modestes (page 13) :

Souvenirs d'une clef : légende historique (1885) - Edouard de Lalaing.

Il est parfois difficile de justifier que la clef puisse raconter telle ou telle anecdote, mais l'auteur souvent trouve un habile subterfuge pour y parvenir, comme par exemple ici (page 26) :

Souvenirs d'une clef : légende historique (1885) - Edouard de Lalaing.

Je vous invite à vous plonger dans le livre si vous souhaitez connaître ce que s'apprête à raconter la clef après cela.

Voici maintenant un autre extrait, un autre exploit réalisé par Marie-Antoinette, que je vous propose en revanche de découvrir cette fois directement (page 29) :

Souvenirs d'une clef : légende historique (1885) - Edouard de Lalaing.

L'ennui de la reine pendant les premières années de son mariage (page 30) :

Souvenirs d'une clef : légende historique (1885) - Edouard de Lalaing.

Marie-Antoinette confrontée en permanence à l'étiquette, comme ici, lorsque ses innocentes balades en traîneau qui lui rappellent son enfance sont mal vues (page 45) :

Souvenirs d'une clef : légende historique (1885) - Edouard de Lalaing.

Les hivers tristes de la clef (page 79) :

Souvenirs d'une clef : légende historique (1885) - Edouard de Lalaing.

Je l'ai déjà dit, à travers la clef nous suivons en grande partie toute la vie de Marie-Antoinette, les moments difficiles mais aussi les moments heureux, au petit Trianon ou au Hameau, les activités théâtrales, etc. Jusqu'au bout, ce petit objet de métal très attaché à sa maîtresse pourra suivre cette dernière... et assister même à ses derniers instants (page 137) :

Souvenirs d'une clef : légende historique (1885) - Edouard de Lalaing.
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