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Le gallicanaute des naines brunes et noires

Le gallicanaute des naines brunes et noires

(Cabinet de curiosités littéraires)


Les Robinsons d'un jour (1890) - F-Melcy.

Publié par Jérôme Nodenot sur 15 Mai 2023, 10:48am

Catégories : #Naines brunes

Lorsque j'étais enfant, je m'amusais, dans la maison de vacances de mes grands-parents dans les Pyrénées, à monter en haut du pré pour m'enfoncer dans un petit bosquet parcouru d'un joli ruisseau, et là je devenais un aventurier, un explorateur. Ou bien encore, dans le grenier de la maison, je me fabriquais une navette spatiale avec des cartons et je devenais Jean-Loup Chrétien ou Patrick Baudry. Et j'ai vécu, comme nous tous, tant d'aventures imaginaires. C'est universel, et c'est intemporel. 

En 1890, Jacques et Lilie vont devenir, sous la plume de F. Melcy, des Robinsons pendant une journée, après avoir lu le roman de Daniel Defoe. Ils vont sortir de leur maison à la campagne, prendre la clé des champs, se perdre, chasser un kangourou, rencontrer Vendredi, trouver une île... simplement en parcourant les alentours de chez eux.   

Les robinsonnades sont un genre littéraire à part entière, très à la mode au XIXe siècle (je me souviens d'avoir parlé d'une autre ici, plus adolescente, qui se déroulait au Canada).

Une petite énigme crée du mystère autour de cet ouvrage : l'auteur (homme ou femme ?), qui n'a publié que ce livre-là ! Assez étonnant pour un écrivain jeunesse. L'éditeur, "La Librairie Théodore Lefèvre et cie - Emile Guérin", publiait apparemment beaucoup de littérature de ce genre, parfois avec des reliures rappelant un peu celles de chez Hetzel. 

L'exemplaire présent dans Gallica que j'ai lu ici et qui est conservé par la Bibliothèque de Toulouse, porte cette dédicace : 

Les Robinsons d'un jour (1890) - F-Melcy.

Même si nous serions tentés de voir là une trace laissée par l'auteur (une maman donc) qui aurait écrit ce livre pour son petit Jacques (prénom du héros de cette histoire), le fait que l'écriture soit manuscrite semble démontrer qu'il s'agit plutôt, de manière évidente, d'un cadeau offert à un petit Jacques par sa mère pour le Noël de 1890. Ce qui n'enlève rien à l'émotion que l'on peut ressentir en lisant ce livre, convenons-en. Cet exemplaire s'est retrouvé, pour plusieurs raisons possibles, conservé à la Bibliothèque de Toulouse, et donc convenablement préservé. Joli destin. Une pensée pour Jacques et sa maman qui nous auront fait partager sans le savoir un moment de leur intimité bien au-delà de leur mort à tous les deux. 

L'incipit est très engageant (page 2r) : 

Les Robinsons d'un jour (1890) - F-Melcy.

Très vite on comprend la posture de chacun des enfants, Jacques en pur rêveur, et Lilie plus raisonnable et terre-à-terre (page 4r) :

Les Robinsons d'un jour (1890) - F-Melcy.

Les enfants se perdent et les choses se compliquent (page 6r) :

Les Robinsons d'un jour (1890) - F-Melcy.

Si Lilie commence sérieusement à se faire du souci, Jacques, lui, est encore à fond dans son imaginaire (page 9r) :

Les Robinsons d'un jour (1890) - F-Melcy.

Et là, il faut bien le dire, on frôle la catastrophe, et le bon chien Fidèle, comme déjà à plusieurs reprises dans le livre, montre qu'il est le véritable héros de cette histoire (page 12r) :

Les Robinsons d'un jour (1890) - F-Melcy.

Tout se terminera bien, évidemment, et les enfants n'auront pas à être beaucoup grondés pour comprendre qu'il ne faut pas confondre le rêve et la réalité.

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