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Le gallicanaute des naines brunes et noires

Le gallicanaute des naines brunes et noires

(Cabinet de curiosités littéraires)


Fleur-de-Sureau. Légendes normandes (1898) - Adolphe Vard.

Publié par Jérôme Nodenot sur 19 Novembre 2018, 11:44am

Catégories : #Naines brunes

Dans la vie, ce n'est pas parce qu'on est un Gascon pure souche comme moi que l'on n'a pas le droit de parler d'une légende normande, surtout si elle est très originale, intéressante à lire, et très bien écrite, par un auteur qui aurait certainement mérité une meilleure postérité : Adolphe Vard. 

J'ai découvert Adolphe Vard grâce à l'ouvrage d'Eric Dussert, "Une forêt cachée, 156 portraits d'écrivains oubliés" ; son profil atypique (artisan et ouvrier, il a exercé durement des métiers manuels toute sa vie pour faire vivre sa famille, tout en acquérant une certaine réputation comme poète) ne pouvait que m'interpeller. Il disait de lui-même, en préambule à ses premiers poèmes (source : toujours "Une forêt cachée") : "Né sans fortune, c'est au travail, à un travail manuel, que j'ai sans cesse demandé d'assurer ma subsistance et celle des miens. Aujourd'hui que le sacrifice de mes plus belles années m'a assuré le triste avantage d'achever de vieillir à l'abri de la faim, j'ai le droit, à même le temps qui me demeure à vivre, de consacrer aux lettres tout le temps que me laisseront mes arbres et mes fleurs, que j'aime encore mieux que mes vers".

Dussert dit à son sujet : "L'oeuvre d'Adolphe Vard n'est pas disponible en librairie, ni accessible sur Gallica". Depuis, et j'en suis ravi, un livre est apparu sur cette dernière, M. Dussert n'y est sans doute d'ailleurs pas pour rien. Et voilà comment, grâce à l'érudition, la passion et l'abnégation de certaines personnes, et grâce à la révolution numérique, je peux à mon tour accéder à l'oeuvre de ce bonhomme attachant, et lui faire une place dans ma petite bibliothèque...

Surtout poète, Vard a écrit aussi un peu de prose, comme par exemple cette agréable légende normande : "Fleur-de-Sureau".

Pâquette est une jeune fille vivant dans un petit village de Normandie. Sa maman est morte lors de l'accouchement, et elle vit donc avec son papa, une ribambelle de frères et soeurs, son cousin Noël, mais aussi... une chèvre :

Page 9

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Pâquette passe énormément de temps avec sa petite chèvre Tintenelle, du coup elle vit beaucoup dehors et c'est de là que son surnom fut trouvé et adopté par son entourage, voici comment :

Pages 11-12
Pages 11-12

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Puis Pâquette grandit, et son physique atypique (pas très jolie, un peu mystérieuse, blonde parmi les bruns) fait jaser et suscite jalousies et moqueries. Mais elle est adoptée très vite par les seigneurs habitant le château du village, une dame, son neveu Aldéric et Radegonde, la cousine de ce dernier ; Pâquette passe beaucoup de temps avec eux, ce qui plait à Aldéric, mais beaucoup moins à Radegonde... et à Noël, le cousin de Pâquette. Les relations entre ces quatre personnages constitueront tout le noeud du problème : 

Page 18

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Pour leur Communion (qu'ils doivent faire tous en même temps), Radegonde doit porter une robe magnifique, ce qui insupporte Pâquette qui, pour essayer de damer le pion à sa rivale, part une nuit dans la forêt afin d'y rencontrer les fées et de s'en faire aider. Les fées font partie du monde, mais elles sont dangereuses :  

Page 20

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Mais finalement, Pâquette, le jour J, aura tellement de remords qu'elle parlera au prêtre de sa faute et remettra sa "vraie" robe, trahissant ainsi les fées. Mais elle devait les rencontrer une nouvelle fois plus tard, et cette fois sans retour possible.

Le temps passe, et quand vient le moment du mariage, comme on pouvait s'en douter, Aldéric doit épouser sa cousine Radegonde (tradition familiale) et Pâquette doit épouser Noël qui l'aime tendrement depuis toujours. Le problème, c'est que Pâquette aime Aldéric, et cet amour est réciproque. Les deux mariages doivent avoir lieu le même jour, en même temps. La veille, Aldéric a une très mauvaise idée : il se débrouille pour subtiliser la robe de mariage de Radegonde pour avoir le plaisir de la faire essayer à Pâquette, et quand il voit cette dernière dans cette si jolie robe, il est en extase. La nuit venue, Pâquette ne cesse de voir le regard émerveillé d'Aldéric, et prend conscience du sort qui l'attend :

Pages 32-33
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Pâquette, pour plaire au moins une dernière fois à l'homme qu'elle aime, décidera d'aller revoir les fées, qui exigeront cette fois des garanties, que Pâquette, par négligence, ne leur apportera pas. Noël en mourra, et Fleur-de-Sureau finira par vivre avec les fées, totalement accaparée par elles, se faisant au village une réputation maudite. Voici pour finir le moment où notre pauvre héroïne découvre les conséquences de son impardonnable négligence, et sa fuite ultime vers la forêt :

Page 41

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S
Très bel article, très intéressant et bien écrit. Je reviendrai me poser chez vous. A bientôt.
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